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Plume de Nat

30 mai 2012

De moins en moins je deviens ce que je suis mais je deviens ce que je suis en train de faire (l’écriture)

Voilà donc le sujet barbare du jour, pardon Hervé, sortir de cette consigne quelque chose, comment faire la seule question est là, écrire un texte banale simplement pour dire de l’écrire ou écrire enfin et se réaliser en tant qu’écriture.

Je suis une femme, comme vous pouvez le constater et l’écriture est une sorte d’exutoire, mais elle est aussi pour moi un rêve d’enfant que je tente de réaliser, 40 ans juste passés et me voilà aux portes d’un atelier en retard. Le sujet m’intrigue. Me pose question. Et plus, je dirai qu’il lance mes doigts sur ce clavier comme s’ils avaient quelque chose à dire, le miracle se serait-il réalisé. Une danse perpétuelle de lettre qui se suivent et qui ont une signification comme si par le simple fait de les écrire je réalisais le sujet.

Une phrase en entrainant une autre la longue file des mots qui se succède ne veut plus forcément dire quelque chose. Moi qui te nargue depuis des décennies. Voilà que je me réalise que j’exulte, que je sors de toi comme si il était possible que j’y aie vécu une fois une seule. Ton âme tourmentée par ce même sujet ne s’est –elle pas rendue compte qu’elle me permettrait de m’exprimer moi la muette qui subit tes mots ?

Alors je peux me permettre n’importe quel délire du moment qu’il vient de moi et non de toi, laisses moi guider tes doigts et tu finiras par voir en moi ce que tu fais. De ce silence que tu m’impose monte une perpétuelle renguaine, retrouvé ou non cette logique qui te permettent d’écrire des choses censées ou me laisser enfin exprimer mon existence complète. Savoir si aujourd’hui tu deviens ce que tu es ou tu deviens moi.

J’ai longtemps écouté ton âme comme si elle avait une substance à mon existence, mais il n’en est rien. J’ai aussi tourné autour de toi quelque fois pour savoir ce qu’il en était, ce que tu avais dans les tripes, mais vides, toujours vides, les sujets étaient. Alors aujourd’hui dans une joie sans comparaison je suis en mesure de te dire de te taire et de me laisser parler pour toi, pour nous. Je suis ce que tu ne réalises pas une part de toi que tu tentes de construire par des mots alignés sur une trame inexistante, et même si rarement je finis par prendre le mot au pieds de la lettre, je ne cesse de tenter de t’induire en erreur quand tu tape, un E à la place d’un A et voilà le tour est joué, il te faut reprendre là où tu en était, ta mémoire volage semble te dire que telle était la suite imaginée, mais j’ai créé par ce E à la place du A  une nouvelle fin, une nouvelle suite. Je suis en train de me réaliser complétement en tant que toi, je finis par comprendre ce que tu peux supposer écrire plus tard, ce que les mots suivant, voudront dire, je te connais si bien, mais non, jamais je n’ai pu exprimer avec tel élan et telle volonté ce que tu fais, ce que je suis. Jamais tu ne m’as donné la place de réaliser à mon tour une succession de mots qui me permettraient enfin de te dire que oui, évidement tu sais écrire, que oui évidement tu peux écrire, mais que sans moi, jamais tu n’écriras.

Tu t’es étanchée, as-tu assouvis ta soif ? T’es-tu liquéfiée ? Je ne crois pas, tu as tenté de t’échapper, comme s’il t’était possible de t’échapper, tu ne serais pas là, maintenant en train de suivre sur ton clavier enfin encore et toujours le dictat de mes mots.

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3 mai 2012

Comme si un jour...

Comme si un jour, j’avais été arrogante, insolente, sans pour autant être, insultante ou suffisante, méprisante, hautaine, ou pire, blessante, voir dédaigneuse, fière, ou orgueilleuse, mais pas supérieure, et en restant impertinente, sans présomption de mon état d’âme, moi qui étais aimable et déférente, soumise, en restant toujours respectueuse….

Je vous entends sourire…Chut ! Silence ! La paix ! Taisez-vous ! Motus ! Vos gueules ! Fermez-la !

 Comme si il était émouvant, poignant, ou prenant, sans être tragique, et pourtant passionnant, dangereux et mouvementé, certes un tantinet hasardeux, restant grave, et sérieux ce sujet difficile.

Alors comme si je vous avais donné l’illusion un instant, d’une erreur ou d’un leurre, d’une aberration, d’un mirage ou d’une chimère… je reste un songe ou une utopie…  Comme si un jour j’eu écrit ce texte incertain, du revers de la main, la muse muselée, domptée et censurée reste soumise au dictionnaire des analogies et des antonymes dans lequel j’ai pioché l’arrogance d’une réponse à un sujet donné.

 

Le sujet qui précéde était donné... commencez votre texte par comme si un jour...Alors j'ai commencé mon texte par comme si un jour, mais en manque d'inspiration, j'ai pioché par hasard, dans le dictionnaire des homonymes et antonymes, un mot, c'était le mot arrogance....Ce fut aussi le dernier texte de mon ancien atelier d'écriture, c'est décidé, je change, l'auto satisfaction pour ne pas utiliser de terme plus impudique, sans jamais s'octroyer le droit à la critique ouverte et constructive et bien çà me fatigue, j'ai besoin de critique CONSTRUCTIVE pour évoluer et pas de vagues hochements de tetes en provenance d'un atelier qui me confortent dans ma médriocrité ...

3 avril 2012

La fin justifie les moyens version initiale

L’infirmière tira le drap laissant l’homme dans une nudité du premier jour, elle passa son gant sur son corps, elle ne prit pas le soin de tirer le rideau qui le séparait du voisin. Il n’y avait pas de passage dans le service mis à part les parents d’Anna la fillette installée dans la chambre 310, qui passaient leurs journées cloitrés là. Elle trempa son gant dans la bassine, l’eau y était sale et froide, l’homme dont la peau ressemblait à une vieille tapisserie qui se décollait du mur, fit une grimace. Les kilos qu’il avait perdu au cours de ces 6 mois de traitement l’avaient laissé comme un cadavre, la peau, et les os, voilà tout. Son teint jaune sale, laissait entrevoir l’état de ses organes. La formule de l’infirmière était toute faite…. à chaque nouveau départ… allez, au crématoire, … au suivant….Le service de cancérologie phase terminale était un service glauque, même si les peintures étaient refaites chaque année, pendant les congés, pour changer les idées du personnel et effacer les stigmates des derniers départs pour le crématoire. Les patients ne voyaient jamais 2 couleurs différentes. Il transpirait dans les couloirs une odeur de mort.

L’infirmière trempa son gant à nouveau dans la bassine, tourna l’homme sur le côté, lui frotta le dos un tant soit peu, ne pris pas le temps de l’essuyer puis le laissa retomber sur ses draps sales, un AAARRRRR sortit de la gorge de l’homme, le lourd poids de ce qui restait de son corps avait retentit sur le lit libérant en lui des milliers de minuscules décharges électriques, ses nerfs ne répondaient plus, depuis qu’on avait abimé par erreur une partie de son cerveau en enlevant sa tumeur.

Son cancer avait été détecté trop tard, malgré une première opération au cerveau réussie, son corps s’était à nouveau métastasé.

Sa jambe gauche paralysée ne répondait plus à rien. L’infirmière lava la jambe de l’homme, puis le pied, et pinça l’homme au gros orteil, «  Alors ? Vous ne sentez toujours rien ». Une infime larme coula sur la joue de l’homme puis alla rouler dans son oreiller si mal agencé. Il tourna la tête pour l’essuyer dans son oreiller, et se frotta sur les restes de quelques cheveux qui venaient de quitter son corps. La chimio était finie depuis longtemps. Mais il continuait à perdre ce qu’il lui restait de dignité capillaire à chaque mouvement. La perruque, il l’avait laissée chez lui, sur sa table de nuit, à son dernier départ pour ici, départ précipité qu’il n’avait pas choisi une nuit au cours de laquelle il avait cessé de respirer. Ce lit si doux, son lit si doux, pourquoi ne pas l’avoir autorisé à mourir là-bas, chez lui, loin de tous, loin de ces humiliations et de cette femme si mauvaise…

De ce douillet cercueil il aurait aimé hurler ces douleurs ultimes d’humiliations permanentes que lui faisait subir cette infirmière. Mais plus rien ne sortait de sa bouche. Que des râles. Et chacun lui demandait un effort supplémentaire.

La porte de la chambre s’ouvrit, le docteur entra et s’exclama : « Alors comment va notre tueur d’enfants aujourd’hui ? »

 L’homme qui était allongé sur son lit était sorti de prison 6 mois auparavant. Il avait renvoyé chez lui pour  y mourir après avoir été condamné pour le viol et le meurtre de 3 enfants identifiés. Un membre du jury avait vomi au cours de l’énoncé des faits. La police le soupçonnait d’être à l’origine de 4 autres disparitions, mais sans corps et sans preuves, on ne pouvait l’accuser de ces meurtres-là.

 « Bien répondit l’infirmière, ne vous inquiétez pas, il verra une seconde couleur. »

3 avril 2012

La nouvelle : Fumer tue

Voilà, ma première nouvelle est publiée. Merci à ceux qui ont prit le temps de la lire de laisser une critique. Elle sera la bienvenue et me permettra d'évoluer dans mon écriture.

3 avril 2012

La Nouvelle : Fumer tue, Chapitre 5: La tondeuse

Chercher, sa seule obstination. Jean n’est pas inquiet. Elle si. Aucune aide de sa part. Internet, Le Fameux Crouton, voilà, trouvé. Destination case départ. Elle y est. Oui, le patron se souvient. La voiture? Une polo. La note? Réglée en liquide. Le nom du monsieur? Bien sûr, indiscrétion oblige.

Nouvelle recherche internet. Nouvelle adresse. C’est ici. Il sort. Elle le reconnait. Elle force la fenêtre arrière. Fouille,  tombe par hasard sur le carnet ouvert. Lit. C’en est trop. Elle vomit.

La polo revient. Elle avale son tube d’aspirine. Il entre. La voit. Fou. Sort son opinel. L’ouvre. Lui tranche la gorge. Elle s’écroule.

Son chat s’empresse de lécher le sol. Il le chasse. Il n’aime pas qu’il mange autre chose que ses croquettes. Il tire une blonde de son paquet, l’allume et la fume.

Puis déplace le corps sur la table du garage. Le découpe soigneusement. Prélève le foie. L’emballe, le range dans son frigo. Nettoie le sang. Se lave les mains.

Comme à son habitude, chaque mardi, le vieil homme sortit sa tondeuse du garage. La passa dans le jardin qui n’en avait pas besoin. Puis, une fois son rituel finit, il tira une blonde de son paquet, s’assit, l’alluma et la grilla. Le temps était relativement clément à cette période de l’année. Il se leva et se dirigea vers la porte d’entrée de la maison, entra, alluma le plafonnier, ôta ses chaussures et enfila ses chaussons.

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3 avril 2012

La nouvelle : Fumer tue, Chapitre 4 : La mère inquiéte

Voilà 3 jours qu’elle n’avait pas eus de nouvelles de sa fille. Certes cette aventure allait durer 1 an et il lui fallait prendre patience, mais là, s’en était trop. Elle lui avait promis avant son départ de lui téléphoner chaque jour d’ici son arrivée à Paris. Elle lui téléphona donc, sachant qu’intégrée dans sa nouvelle vie cela pouvait lui nuire, mais elle ne supportait plus ce silence. Le vieux monsieur attrapa le téléphone. Un flash illumina la pièce, le vieil homme laissa tomber le téléphone qui cassa net.

La communication cessa aussitôt.

Jamais la gendarmerie ou la police ne lui viendraient en aide, sa fille était majeure, vaccinée, et maitre de son destin, il n’y avait rien d’inquiétant dans cette absence. Rien d’inquiétant dans cette rupture de communication.

2 avril 2012

La mouette

Imposé pour ce texte, la musique : http://www.youtube.com/watch?v=-4quKyrOVww

C’était un après-midi de septembre, à cette période où l’air chaud laisse place à l’air respirable. Les enfants jouaient sur la jetée, leurs courses désinvoltes rythmaient notre promenade. 

Les pas d’inconnus venaient se mêler aux nôtres, et nous avancions ensemble, dans ces mouvements qui paraissent quelque fois si ordonnés et pourtant ne le sont pas. Une mouette posée là sur la jetée, dégustait à grands cris une glace tombée dans l’oubli.

Les enfants partirent à pas de chats puis au trot et enfin au galop pour effrayer l’oiseau.

Elle s’éleva en piaillant, survola la plage, puis la mer, et se posa sur un rocher de la digue.

Le pêcheur assis là, leva l’œil, secoua la main et fit s’élancer l’oiseau.

Elle virevolta au-dessus de nos têtes et se posta sur une rambarde.

Personne ne la vit.

Mais nos chats déguisés en enfants n’en avaient pas finis avec l’oiseau noir et blanc, c’est à pas de libellule qui effleure l’eau qu’ils s’approchèrent de l’oiseau.

La mouette dans un rire moqueur décolla et les courses rythmées des petits pieds de nos enfants ont continué tout au long de longues années à rythmer nos ballades post estivales.

2 avril 2012

La fin justifie les moyens

L’infirmière tira le drap, le déshabilla, laissant l’homme dans une nudité du premier jour, elle passa son gant sur son corps, elle ne prit pas le soin de tirer le rideau qui le séparait du voisin, il n’avait pas de voisin. Il n’y avait pas de passage non plus dans le service mis à part les parents d’Anna la fillette installée dans la chambre 310, qui passaient leurs journées et leurs nuits cloitrés là. Elle trempa son gant dans la bassine, l’eau y était propre et tiède, elle l’imaginait sale et froide, l’homme dont la peau ressemblait à une vieille tapisserie qui se décollait du mur, fit une grimace. Les kilos qu’il avait perdu au cours de ces 6 mois de traitement l’avaient laissé comme un cadavre, la peau, et les os, voilà tout. Son teint jaune sale, laissait entrevoir l’état de ses organes. La formule de l’infirmière était toute faite…. à chaque nouveau départ… allez, au crématoire, … au suivant….
Le service de cancérologie phase terminale était un service glauque, même si les peintures étaient refaites chaque année, pendant les congés, pour changer les idées du personnel et effacer les stigmates des derniers départs pour le crématoire. Les patients ne voyaient jamais 2 couleurs différentes. Il transpirait dans les couloirs une odeur de mort.

L’infirmière trempa son gant à nouveau dans la bassine, tourna l’homme sur le côté, lui frotta délicatement le dos, prit le temps de l’essuyer, puis le laissa délicatement retomber sur ses draps juste changés, un AAARRRRR sortit de la gorge de l’homme, le lourd poids de ce qui restait de son corps avait retentit sur le lit libérant en lui des milliers de minuscules décharges électriques, ses nerfs ne répondaient plus, depuis qu’on avait abimé par erreur une partie de son cerveau en enlevant sa tumeur.

Son cancer avait été détecté trop tard, malgré une première opération au cerveau réussie, son corps s’était à nouveau métastasé.

Sa jambe gauche paralysée ne répondait plus à rien. L’infirmière lava la jambe de l’homme, puis le pied, et pinça l’homme au gros orteil, ce geste médical permettait de vérifier l’évolution de sa sensibilité. «  Alors ? Vous ne sentez toujours rien ». Une infime larme coula sur la joue de l’homme puis alla rouler dans son oreiller si mal agencé. Il tourna la tête pour l’essuyer dans son oreiller, et se frotta sur les restes de quelques cheveux qui venaient de quitter son corps. La chimio était finie depuis longtemps. Mais il continuait encore à perdre ce qu’il lui restait de dignité capillaire à chaque mouvement. L’infirmière souleva la tête de l’homme, ramassa les cheveux tombés récemment, puis secoua l’oreiller et  réajusta l’homme et son coussin. La perruque, il l’avait laissée chez lui, sur sa table de nuit, à son dernier départ pour ici, départ précipité qu’il n’avait pas choisi une nuit au cours de laquelle il avait cessé de respirer. Ce lit si doux, son lit si doux, pourquoi ne pas l’avoir autorisé à mourir là-bas, chez lui, loin de tous, loin de ces humiliations et de cette femme si mauvaise…

De ce douillet cercueil il aurait aimé hurler ces douleurs ultimes d’humiliations permanentes que lui faisait subir cette infirmière. Mais plus rien ne sortait de sa bouche. Que des râles. Et chacun lui demandait un effort supplémentaire.

La porte de la chambre s’ouvrit, le docteur entra et s’exclama : « Alors comment va notre génocidaire aujourd’hui ? »

« Bien répondit l’infirmière, ne vous inquiétez pas, il verra une seconde couleur. »

2 avril 2012

La nouvelle : Fumer tue, Chapitre 3 : La rencontre

Elle se leva donc, réveillée par le service de nettoyage et attendit trois heures, par chance le temps était clément, son objectif était de rejoindre Paris avant l’hiver. Sans froid excessif, elle put moyennant quelques pas pour se réchauffer se positionner pour reprendre son autostop. Elle sortit sa pancarte de carton où été inscrit PARIS en lettres majuscules au marqueur noir, et la tendit. Quelques routiers passèrent sur l’autoroute mais à cette heure-ci, tous les bureaucrates avaient déjà rejoints leur bureaux, et les ouvriers leurs usines. Les commerciaux bien trop pressés à griller les limitations de vitesse, ne s’arrêtaient que sur des aires afin de prendre de l’essence, et fumer une cigarette, quant aux vacanciers, hors période de vacances scolaires, il ne fallait pas trop compter sur eux. Un vieux monsieur en polo s’arrêta, et fit signe à la demoiselle,  je ne vais pas à Paris dit-il, mais je peux vous avancer, si cela vous arrange, elle accepta. Qu’avait-elle à craindre d’un retraité après tout !

Elle s’installe donc dans la voiture, accroche sa ceinture, il met son clignotant, vérifie son rétroviseur, enclenche la première, avec un bruit d’embrayage à changer, accélère et se lance sur l’autoroute. Une vieille cassette de jazz ronronne dans la voiture, une odeur de cigarette froide emplit l’habitacle.

Il ne lui fallut pas très longtemps pour prendre et envoyer une photo de l’homme sur Facebook, sans qu’il ne s’en rende compte. Il baissa la musique et lui demanda,

-« d’où venez-vous? »

-« Montpellier. »

-« Montpellier est une jolie ville reprit-il, pourquoi la quitter ? Pourquoi Paris? »

Pour accomplir sa mission, mais elle ne pouvait lui avouer, alors après un temps de réflexion elle débita sur un ton juste un mensonge,

-«  je pars à la recherche du temps perdu, je vais tenter de retrouver mon père, quelque part, sa dernière adresse connue était à Paris. Il est parti il y a 20 ans. »

Le vieil homme de répondre,

-« quelque fois, l’ignorance a du bon. »

Et un long silence s’en suivit.

-« Avez-vous pris votre petit déjeuner » reprit le vieux monsieur ? –« Non », dit-elle.

-« Et bien allons-nous changer les idées, je vous invite à prendre un petit déjeuner, je connais un petit restaurant sympa hors de l’autoroute où j’avais l’habitude de m’arrêter avec ma femme. La pauvre m’a quittée il y a 2 ans, un cancer du sein foudroyant et vous me feriez un immense honneur si vous acceptiez mon invitation. »

Devant l’air larmoyant du vieil homme, elle ne sut refuser. Ils sortirent de l’autoroute et se dirigèrent vers une petite bourgade charmante. Il s’arrêta devant un petit restaurant, ‘’ Le fameux crouton’’.  Ses 2 occupants sortirent de la voiture. Elle remarqua le corps athlétique du vieux monsieur, et lui, son opulente poitrine, qu’il avait feint de ne pas voir jusque la.

Ils entrèrent dans le restaurant au son d’une cloche, il était vide, ce qui ne surprit personne à cette heure ci, et le patron les installa à une table, près de la fenêtre.

Ils commandèrent instantanément,

« 2 cafés, 2 jus d’orange, des croissants, et des tartines s’il vous plait. » 

Ceci s’annonçait pour la jeune femme comme un véritable festin.

Il s’excusa, devant aller aux toilettes, passa devant leurs cafés servis, elle en profita pour commenter le portrait, ‘’ Et me voici invitée par ce charmant vieil homme pour un petit déjeuner au fameux crouton quelque part en Aveyron’’

Ils se régalèrent tous 2 du petit déjeuner, et reprirent leur route.

2 avril 2012

La nouvelle : Fumer tue, chapitre 2 : La jeune femme

Le dernier routier, de ces hommes bourrus mais gentils, dont la cabine était ornée de photos de ses enfants et de sa femme, la déposa vers 5h du matin sur l’aire d’autoroute. Elle avait discuté longuement avec lui de ses photos, les deux grands, des jumeaux avec leur superbe sourire édenté de 6 ans, et la petite dernière, 9 mois, debout dans sa robe en tulle avec ses jolis souliers vernis noirs. Sa femme était assez jolie malgré sa finesse excessive, elle avait les cheveux relevés pour l’occasion, et une tenue élégante. Ils avaient tous les quatre posé chez un photographe professionnel pour ce cadeau de la fête des pères, cette photo qui le suivait dans tous ses déplacements. Il faisait ce métier depuis 19 ans presque, il avait rencontré sa femme sur les bancs de l’école et après pas mal de problèmes pour avoir un enfant, ils avaient fini par en avoir 2, et la petite dernière…une surprise de la nature. Il aurait pu parler des heures de sa famille, ils l’attendaient jeudi soir pour fêter l’anniversaire des jumeaux, tout un programme… Il lui montra la console de jeux qu’il ramenait pour l’occasion. La discussion était sympathique, et bon enfant, 5 minutes avant de s’arrêter, il ralluma la cabine, il devait sortir à la prochaine sortie, et pour elle, il serait plus facile de trouver un routier sur cette aire, d’ailleurs, il allait passer le mot, et puis, il avait déjà pris beaucoup de retard sur son trajet, alors pour éviter d’être coincé jeudi, il s’excusa encore auprès de la jeune femme, et lui proposa un café chaud, avant de l’abandonner là. Elle accepta, enserra la tasse pour se réchauffer les mains, le bu d’une traite, rendit la tasse et descendit du camion. Il lui fit un signe de la main, éteignit sa cabine, décrocha sa CB, fit un appel aux routiers sympas en s’en allant. Elle n’avait pas dormit, non pas qu’elle n’ait pas eu confiance dans ce gentil routier, mais par précaution elle avait préféré rester éveillée. La jeune femme, une blonde venissienne d’origine, était plutôt jolie, quelques kilos en trop, révélant une déception amoureuse certaine, un grand sourire, quand elle s’abandonnait à sourire, une poitrine opulente dont elle se serait bien débarrassé à quelques reprises, pensant que fournir autant de seins à une seule femme n’était pas un cadeau du ciel, elle enviait toujours les planches à pain quand elle en croisait une. Cette jeune autostoppeuse allait passer le reste de sa nuit sur l’aire d’autoroute, espérant trouver au petit matin un chauffeur sympa pour l’emmener plus loin dans son aventure. Elle alla aux toilettes, s’installa, puis s’allongea sur le banc de l’aire de jeu, le plus éloigné possible de l’autoroute. Elle fut réveillée vers 6h par le service de nettoyage. Un léger frisson lui traversa le corps, elle venait à 23 ans de passer pour la première fois une nuit seule en tant que sans domicile fixe. Elle n’avait dormit qu’une heure. Et savait que ce ne serait certainement ni la première, ni la dernière nuit aussi courte à la belle étoile. C’était donc çà sa nouvelle vie? Il lui restait son sac de couchage qu’elle avait accroché à son sac à dos, quelques fringues jetées en vrac dans le dit sac, son téléphone et sa fameuse batterie photovoltaïque pour le recharger, un gadget qu’elle s’était offert pour aller camper l’été dernier. Elle raffolait de ce genre de jouets, il lui permettait en temps réel de compléter son profil Facebook avec quelques photos. Elle avait pris l’habitude de photographier à leur insu les personnes qu’elle rencontrait, et avec l’une de ces applications dont l’app store a le secret, elle les envoyait aussi tôt automatiquement sur sa page il ne lui restait plus qu’à y ajouter un petit commentaire, - charmant jeune homme rencontré au 2A123 à Ajaccio-  évidement quand la personne devenait plus intime, elle finissait par l’identifier sur la photo d’origine, sinon, rien, elle laissait le commentaire énigmatique faire son petit bout de chemin. Elle avait ainsi depuis cinq ans plus de 2000 inconnus en photo. Le dernier en date, le routard qui l’avait déposé…avec comme commentaire – routard sympa, papa amoureux –

2000 photos qui lui avaient values un buzz phénoménal et l’avaient vaguement poussée sur ce banc cette nuit là.

Les études à vrai dire elle avait fait comme tout le monde, un bac, réussit moyennement, de toute façon le bac c’est cadeau aujourd’hui, puis un an et demi en fac de droit au bout desquelles, elle s’était reconvertie vers une école privée de journalisme.

Elle qui voulait être grand reporter, elle partait pour sa première mission en France, direction Paris, objectif, vivre 1 an comme un sans domicile fixe, sans ressources, sans sécurité sociale, sans confort quel qu’il soit hormis son téléphone portable payé mensuellement, son chargeur photovoltaïque, pour ses publications facebook, sa carte d’identité quelques vêtements et son sac de couchage. Objectif inavoué? Se voire propulsée à la une des journaux télévisés et être ainsi repérée par quelques rédacteurs en chef bien placés.

Elle avait donc mis toutes ses maigres économies sur un compte avec prélèvement automatique pour son téléphone. Avait vidé son appartement, et s’en était retournée chez sa mère pour lui expliquer son choix.

Les deux femmes comme à leur habitude s’échangeaient des mots doux, sur leur tenue, leur coiffure ou toute autre nouveauté venant changer la donne. Elle l’interrompit,

« Maman, j’ai un job. » C’était à ses yeux, le meilleur moyen d’aborder la conversation, elle l’avait répété sur le chemin mille fois, arriver à avoir une conversation sérieuse avec sa mère était chose difficile, mais elle s’était convaincue, il fallait mettre les pieds dans le plat, il fallait lui donner l’information, d’une manière ou d’une autre….

« Un…? »

Elle lui prit la main comme pour se rassurer elle-même et sentir dans ce geste de pouls de sa mère.

«  Tu sais, facebook, et bien çà a marché. »

« Quoi? », sa mère fit mine de ne pas comprendre et blêmissait à chaque nouveau regard détourné de sa fille. Le moment qu’elle avait tant redouté approchait.

« On m’a proposé de partir pour 1 an, pour vivre une expérience »

«  Un an? Fit-elle dans un brame, et s’en suivit : Une expérience ? »

La mère avait un certain âge, elle avait toujours donné à sa fille la liberté de faire ce qu’elle voulait mais elle redoutait le passage fatidique, celui qui la séparerait d’elle, l’enverrait loin, longtemps. Elle se ferma comme une huitre, reprenant sa main comme on rompt un contrat, serrant ses mains l’une contre l’autre comme si elle avait trouvé là, son seul allié, ses mains se tordirent, l’une l’autre cherchant à essorer un pull invisible.

« Maman, ne fait pas semblant de ne pas comprendre… » La jeune fille chercha à croiser le regard de sa mère, celui-ci fuyait, puis elle fixa sa fille dans les yeux et dit

« Que veux-tu que je comprenne? Tu vas me quitter, m’abandonner? » Les épaules de la jeune fille retombèrent comme seul argument de découragement, puis se redressant, elle reprit

« Je vais vivre une expérience. Mon rêve de devenir grand reporter va se réaliser, on m’a donné une formidable opportunité »

Elle avait franchi la première étape, annoncer à sa mère un job, maintenant, il lui fallait aussi lui annoncer que le job ne serait pas payé, qu’il serait sur Paris, et qu’elle devrait vivre une année entière dans la rue comme SDF…

L’idée qu’elle devrait lui annoncer tout le reste la terrorisait, mais …. Elle reprit regonflée par ses rêves…. « Et si çà marche, tu verras ta fille sur ton petit écran.

«  Parce que tu crois que je pourrais l’embrasser ma fille sur mon petit écran?

« Non, mais tu seras fière de la montrer à tes amies, ta fille unique

Fit-elle d’un ton gentiment moqueur. Elle avait fait mouche, sa mère eut une ébauche de sourire, qu’elle ne le laissa pourtant pas apparaitre plus que cela, il était évident qu’elle tirerait une certaine fierté de voir sa fille sur son petit écran, mais…

«  Et c’est quoi ton job formidable?

Alors elle prit sa mère par la main, la tira délicatement vers le canapé et lui fit signe de s’asseoir. Elle s’assit à côté d’elle. Reprit son souffle dans une très longue inspiration inaudible, comme pour cacher la redoutable tension qui montait en elle…

« Et bien…j’ai laissé mon appartement.

« Ton appartement, et tu comptes habiter où? Pas à la maison, tu sais très bien ….La jeune fille ne l’entendait plus, elle connaissait ce couplet par cœur…. passé 2 mois sous le même toit »

Elle ne se dégonfla pas, et dit « dans la rue », elle coupa ainsi le sifflet à sa mère qui semblait partir encore une fois dans ces vieilles rancœurs qui la rendaient intarissable…Celle-ci se mordit les lèvres, regrettant le long monologue qu’elle venait encore d’entonner…

Sa mère toussa et manqua de s’étrangler.

« Je vais être reporter SDF »

« Reporter SDF, mais qui donc a pu te fourrer cette idée dans le crane?

« Jean »,

Jean, était le vieil ami de sa mère, et à vrai dire son vieil amant, aussi, il avait toujours porté sur la jeune fille un regard bienveillant pour la protéger de tout ce qui pouvait lui arriver, l’avait poussée dans le journalisme, il savait de quoi il parlait, étant lui-même rédacteur en chef d’un grand canard local…

Sa mère se dégonfla comme un soufflet sortit trop tôt du four, doublement trahie, et pourtant, cet homme en qui elle avait posé toute sa confiance venait de lui arracher le cœur en envoyant son unique fille dans la rue.

« Jean, mèèèè, fit-elle comme une chèvre qui se prend pour un mouton…

«  Et bien Jean a trouvé formidable mes photos sur facebook, et m’a conseillé

« T’as conseillé? Mais il aurait pu m’en parler

« M’a conseillé, reprit-elle avant que sa mère n’eut l’idée de décrocher son téléphone, de jouer les grands reporter, faire un truc que jamais personne n’avait fait, de partir, avec mon téléphone, vivre à Paris au milieu des SDF pendant un an, et faire mes photos au jour le jour, pour me lancer. » Elle avait sorti le morceau… restait à avouer à sa mère qu’il ne s’agissait pas d’un contrat loin de là, qu’elle partait sans contrat, sans cheque de fin de mois, et qu’elle vivrait pendant un an sur ses propres économies…Juste le temps d’une inspiration cachée et la jeune fille repris comme si il eut été indispensable de convaincre sa mère, ce qui était effectivement le cas.

« Si çà se trouve çà ne durera qu’1 mois, voir, 2, mais si je réussis à me faire un nom…. Tu sais bien combien les temps sont difficiles, combien il est long de trouver son premier job.

«  Et Jean tu lui as demandé?

Elle semblait revivre dans cette question d’évidence, et elle connaissait certainement la réponse, sa fille était loin d’être une abrutie et Jean lui avait certainement conseillé cela parce qu’ils étaient justement venu à parler de l’avenir de cette journaliste en herbe…

«  Non, il ne peut rien faire pour moi, c’est fini, son journal est mort, ils perdent des lecteurs chaque jours, ils n’embauchent plus, et commencent à virer même, lui-même…

Sa fille venait de toucher une corde sensible, son vieil ami-amant, allait perdre son job et il ne lui avait rien dit.

La discussion continua une bonne heure, arguments sur contre-arguments, tout ce qui pouvait permettre aux deux femmes de trouver un terrain d’entente fut explorer…La question de l’argent aussi.

Évidement il ne fut pas facile de faire accepter à cette veuve que sa seule et unique enfant allait risquer le tout pour le tout de cette façon, mais par amour pour sa fille, et après de longues tractations, elle finit par céder.

C’est donc avec la bénédiction de maman que la jeune fille partit, à la condition expresse de la contacter par téléphone au moins 1 fois par semaine, ce que la jeune fille accepta, pensant qu’elle réussirait plus tard à faire comprendre à sa mère que ces coups de fils nuiraient fortement à sa couverture. Sa mère la surina, en cas de perte ou de vol de son téléphone, la jeune fille devrait s’identifier dans un commissariat et demander à lui téléphoner.

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